Bonifier = rendre meilleur.
Les gens malheureux, ou anxieux.. cherchent sans cesse le détail qui fait du bien, le beau, le bon. Et je crois que nous avons tous une part de bonheur en nous, ainsi je pense qu’il faut bonifier tout ce qui est possible de l’être. (Relativiser est plus correct.) Pour gonfler cette part de bonheur afin qu’elle nous enlace.
Commençons par nous demander ce qui nous transporte. Pour moi, c’est le rire. Et voir l’amour que les gens partagent. L’amour « m’émeut aux larmes » comme dirait Jacques Brel. C’est le beau. C’est la beauté de l’être humain, c’est ce qui me fait du bien. L’amour (dans son sens large, je parle) emmène au rire.
C’est étrange, le rire est mon auto-défense lorsque je suis malheureuse. Quand j’étais au fond du trou, je riais de toutes mes forces. Comme une thérapie naturelle que m’imposait mon corps. Il avait besoin de rire pour contrer la pourriture.
Il faut donc rendre les choses belles. C’est un exercice qui n’est pas de tout repos mais quand on y accède, cela devient un réflexe. On relativise. « Rien est grave » disait Frédéric Beigbeder dans L’Amour Dure Trois Ans. Je ne dis pas de s’emmener à un état de passivité. Je dis de rendre les choses moins graves pour ne pas céder à la panique et se sentir perdu. On associe, en général, problème avec vie. Les problèmes nous viennent de façon unique et ordonné et nous, on les mélange de façon incroyable dans notre tête; ainsi on croulent sous eux après les avoir accumulé – à cause de la panique; quand je suis face à la pression, j’ai tendance à me bloquer et à observer avec un regard extérieur les choses se dégrader, je regarde le paysage dégringoler, impuissante, parce que je suis bloquée, je ne veux pas m’empêtrer là dedans, sait-on jamais si je n’en ressors pas (la majorité de nos peurs est infondée) – alors qu’on a juste à les prendre un par un.
-Bonjour, je suis un problème
-Pourquoi et comment es-tu arrivé? Comment vais-je me débarrasser de toi? Si j’utilise le moyen A je risque cela, mais si je prends le moyen B je risque ceci, et je n’accepterai pas de vivre ça si je choisi le moyen C!
Le problème grossi dans notre tête! Et tout devient brouillé et on est perdu.
L’armée arrive. Je vois le petit soldat.
Le petit soldat est toujours mis au premier rang, seul, pour qu’on puisse le voir arriver de loin.
De loin, on sent l’orage arriver. Ensuite l’armée se dévoile à travers l’horizon.
L’horizon est encore visible. Mais l’armée grossit, grossit, grossit! Elle est énorme!
Elle est énorme au point de ne plus voir l’horizon. Nous avons raté l’échappatoire lorsque le soleil permettait encore une certaine visibilité.
Une certaine visibilité qui n’est plus. Tout le ciel est recouvert de l’armée noire et obscure.
Noire et obscure dans la tête, tout se brouille et m’assomme. L’environnement est déchaîné.
Déchaîné à tel point que je m’immobilise. Ca y est la solitude et la peur sont là.
Elles sont là. Elles sont les deux principaux soldats de l’armée, elles m’agrippent et me frappent!
Me frappent et m’assomment. Je m’endors. Je suis enfin seule avec moi-même.
Avec moi-même j’ai quelques secondes pour me calmer.
Pour me calmer. « Rien est grave… rien est grave. Rien est grave. »
Rien est grave alors j’ouvre les yeux. La lumière est là, je peux imaginer un chemin.
Imaginer un chemin à travers le brouillard. Je me débats et je garde la tête droite.
La tête droite et le regard fixe vers l’horizon.
L’horizon que je perçois de nouveau. J’avance encore. Les pieds dans la boue et les ronces.
Les ronces qui se détachent non sans me lacérer la peau et la chaire.
Victoire! Je grimpe ce mur qui m’attendait, je me laisse tomber de l’autre côté et je souffle.
Je souffle et je vais bien. J’ai réussi. J’ai vaincu l’armée!
L’armée reviendra à la prochaine vague de pression.
Pression qui a creusé ma peau et qui s’y est logée. Elle attend la prochaine vague.
La prochaine vague qui m’immobilisera et m’assommera.
Encore une fois j’adore ce que tu fais ! 🙂 Je trouve intéressante la manière que tu as de créer une ambiance angoissante quand tu décris ta panique juste avant le poème. D’ailleurs celui-ci est super aussi et représente un vrai plus comme complément du contenu.
En tous cas encore félicitation et continue comme ça. 🙂
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Merci beaucoup! 😀 ça me fait très plaisir! En effet, j’ai tenté de montrer l’angoisse grandissante à chaque vers pour ensuite trouver une soudaine tranquillité, comme une saturation qui mène à la perte de conscience et terminer sur la réussite grâce à la réflexion, sans oublier une ouverture à la répétition de cet événement ^^
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